Article published in:
Reinardus: Yearbook of the International Reynard SocietyEdited by Richard Trachsler and Baudouin Van den Abeele
[Reinardus 31] 2019
► pp. 80–114
Reinardus en Bohême
La transformation de la perfide bête médiévale en compagnon espiègle
Martin Nejedlý | Univerzita Karlova, Praha
L’article retrace la représentation du renard dans les sources tchèques à travers les siècles. En partant de
l’image du prince perfide de la Chronique de Kosmas (début du XII
e
siècle) et du traître flagorneur
dans la Chronique en vieux tchèque dite de Dalimil (début du XIV
e
siècle), en passant par le renard rusé des fables en
tchèque et par la figure du mauvais conseiller des rois dans le miroir des princes de Smil Flaška de Pardubice (XIV
e
siècle), cette veine de représentation négative aboutit au XV
e
siècle, lors de la révolution hussite, à un portrait
très défavorable de la bête rousse – aussi bien dans le camp de la reforme (La querelle de Prague et de Kutná
Hora, vers 1420) que dans le camp catholique (Pavel Žídek, vers 1463). L’image change peu à peu grâce à l’œuvre de
Dubravius et de Konáč de Hodiškov (XVI
e
siècle) et avant tout grâce aux manuels de deux jésuites du siècle suivant,
Melchior Hanel et Václav Jandit, présentant le sage renard enseignant les autres animaux. L’adaptation de la matière des premières
branches françaises du Roman de Renart en tchèque (par l’intermédiaire de l’allemand) date de 1845. Au
XX
e
siècle, ses avatars aboutissent à la figure du héros (ou de l’héroïne) sympathique: la petite renarde rusée,
transcrite en musique par Leoš Janáček, la Compagne malicieuse renarde de Josef Lada et le cynique et rusé « renard roux »
commentant l’histoire tchèque dans la série BD culte Images de l’Histoire tchèque .
Published online: 17 April 2020
https://doi.org/10.1075/rein.00027.nej
https://doi.org/10.1075/rein.00027.nej